Un week-end à Cadix

Cadix est une petite ville qui se parcourt relativement rapidement. Son centre-ville de ruelles enchevêtrées est plein de vie, constellé d’épiceries, de petites boutiques et de bars à tapas très bon marché où la vie locale bat son plein. Vous tomberez forcément sur la cathédrale, visible de loin grâce à sa coupole dorée. Mêlant les styles baroque et néo-classique, elle est l’emblème de la ville. Sa tour de Poniente offre un joli panorama sur la ville, à l’image d’un autre monument de la ville: la Tour Tavira. Celle-ci possède une chambre noire, équipée de lentilles optiques et de miroirs permettant de visualiser toute la baie de Cadix.

Autre monument historique, le château de Saint Sébastien, construit en 1706 pour renforcer la défense de la ville. Situé sur une petite île reliée à la plage de La Caleta par une jetée, il apparaît dans l’une des scènes cultes de Meurs un autre jour, où Halle Berry sort de la mer sous le regard fasciné de Pierce Brosnan. La scène est censée se dérouler à La Havane, mais la ressemblance entre Cadix et certains recoins de la capitale cubaine ont fait de la ville andalouse une doublure de choix pour les tournages.

Cadix bénéficie d’une lumière absolument extraordinaire tout au long de la journée, offrant les plus belles nuances de pastel à mesure que les rayons du soleil se meuvent dans le ciel. La ville est d’ailleurs située sur la bien-nommée Costa de la Luz, côte de la lumière en français.

Le coucher du soleil est un moment extraordinaire, car les lueurs chaudes s’emparent de la ville et lui confèrent davantage encore des airs de bout du monde. Il faut l’admirer depuis la promenade du bord de mer Campo del Sur, qui ressemble à s’y méprendre au malecón de La Havane.

Voilà plus de 50 ans que le restaurant El Faro régale les papilles gatidanes. Attaché à la tradition locale, il est tenu par la troisième génération d’une même famille qui s’évertue à conserver le patrimoine culinaire de la ville. On y mange soit debout, au bar, pour un repas informel à l’espagnole, soit attablé dans un des salons à la décoration rétro. Chaque espace possède sa propre carte, et le bar est logiquement plus centré sur les tapas.

Au menu principal, des produits de la mer merveilleusement cuisinés: gambas à la plancha, crevettes au brandy de xérès, riz noir au ragoût de sèche, poisson retour de pêche… La carte propose également quelques options végétariennes ou à base de viande.

Impossible de venir à Cadix sans goûter au fameux vin de xérès, produit dans le village de Jerez de la Frontera (aussi appelé Xérès). Si les bodegas y sont nombreuses, l’une d’entre elle a la particularité de faire également office de pinacothèque: la Bodegas Tradición. Comme son nom l’indique, elle élabore les vins de xérès dans le respect le plus strict de la tradition, privilégiant les cuvées très anciennes.

Située dans un bel édifice orné d’affiches vintage et de vigne vierge, elle propose des visites menées en espagnol, en anglais ou en allemand d’une durée approximative d’1h30. La visite vous mènera dans les chais où sont conservés les barriques, où vous recevrez d’intéressantes explications sur le procédé d’élaboration de ce type de vin. Vous aurez également tout le loisir d’admirer les peintures espagnoles de la pinacothèque, qui abrite entre autres des œuvres de Goya, de Velasquez ou d’El Greco. Enfin, la visite se conclut par la dégustation commentée de 5 variétés de vins de xérès de la maison.

Continuez ensuite votre route vers le magnifique village blanc de Vejer de la Frontera, l’un des plus beaux d’Andalousie. Réservez votre flânerie dans ses rues blanches à une heure plus fraîche et attablez-vous dans la cour intérieur du Jardin del Califa, un restaurant dont la carte est parfaitement adaptée à la chaleur de l’Andalousie: mezze marocains, grillades, salades, tajines… et de nombreuses options végétariennes. Tout est délicieux, bien servi et à prix juste. Réservation fortement conseillée. De nombreuses tables sont aussi installées à l’intérieur, sous des voûtes centenaires ou derrière une grande verrière donnant sur la cour.

C’est vers 18h, après la sieste, que Vejer de la Frontera sort lentement de sa torpeur. Ses rues blanches ornées de pots de fleurs s’animent joyeusement à mesure que la chaleur redescend et que les terrasses se remplissent. Le petit centre se parcourt assez rapidement, ce qui laisse tout le loisir à ses visiteurs de s’attarder là où ils le désirent: face au vieux moulin et à la vue sur la vallée, sur une placette face à l’église, sous des arcades en brique ou dans les jolies petites boutiques de mode et d’artisanat du village.

A l’heure de l’apéritif, les terrasses animées de la Place d’Espagne deviennent le centre du village. Locaux et voyageurs s’y retrouvent pour prendre un verre à l’ombre des palmiers, bercés par le clapotis de la jolie fontaine centrale. Deux adresses à retenir: Garimba Sur et Peneque, juste en retrait de la place.

C’est dans une petite rue en escaliers qu’est niché El Central, un petit restaurant de tapas et nourriture espagnole où dîner en toute simplicité. Réservez une table en extérieur et vous dînerez immergé·e dans l’ambiance envoûtante du village.

On retrouve dans l’assiette tous les grands classiques espagnols: salmorejo (une variante du gaspacho), tortilla, jambon ibérique, calamars frits, croquettes… Les végétariens se tourneront quant à eux vers les salades ou les artichauts à la plancha accompagnés de pommes de terre à l’aïoli.

A une dizaine de minutes du village perché de Vejer de la Frontera se trouve la Fondation NMAC, où l’art contemporain se fond dans la nature andalouse le temps d’une balade culturelle sous les pins. Il faut compter environ 1h30 pour découvrir cet endroit hors du temps, où des sculptures ont été disséminées dans une pinède habitée par les grillons. Certaines d’entre elles invitent les visiteurs à pénétrer dans l’œuvre, à l’image de Sky’s impression de Gunilla Bandolin ou de l’extraordinaire Second Wind de l’artiste américain James Turrell.

Après le parcours de sculptures, vous pourrez entrer dans plusieurs baraques militaires où sont exposées des œuvres audio-visuelles. La fondation étant en pleine nature et sur un terrain sablonneux, il est préférable de porter des chaussures fermées et d’emmener de quoi s’hydrater.

Prenez ensuite la direction du littoral pour rejoindre Zahara de los Atunes, un village côtier de la province de Cadix qui est aussi une destination gastronomique de premier ordre. La raison? Le thon rouge à la madrague (almadraba en espagnol), une technique de pêche ancestrale et durable que les Phéniciens utilisaient déjà en 1200 avant notre ère. Déployée au large du village, elle a la particularité de ne capturer que les plus gros thons rouges, laissant s’échapper toutes les autres espèces. Les eaux de Zahara de los Atunes sont si propices à leur pêche que ces gros poissons ont donné leur nom au village (atunes signifie thons en espagnol).

Le thon rouge à la madrague est considéré comme le meilleur au monde par les Japonais, qui achètent 70% de la pêche locale, les 30% restants étant réservés au marché espagnol. Pour goûter à cet incontournable de la cuisine locale, rendez-vous à la Casa Juanito, un petit restaurant qui ne paie pas de mine mais où vous mangerez le meilleur thon de votre vie, que vous le commandiez en sashimi, en tartare, en tataki, à la plancha ou dans toute autre déclinaison proposée à la carte. Texture, goût, fraîcheur… tout est réuni pour le plaisir de vos papilles. Réservation indispensable en haute saison au +34 956 43 92 11.

Une fois repu·e, ne résistez plus à l’appel de la mer et allez piquer une tête dans l’Altantique. La plage d’Atlanterra, au sud, offre des eaux cristallines mais est dominée par des lotissements. Plus sauvage, la plage de Zahara (aussi appelée plage de la Vierge du Carmen), située au nord du village, est accessible via un long de chemin de bois serpentant parmi les dunes. Dans un cas comme dans l’autre, ces plages immenses sont sujettes au vent et se prêtent bien à la pratique du surf. Envie d’essayer? L’école Zahara Surf propose des cours pour tous les âges et tous les niveaux.

L’aéroport le plus proche de Cadix est celui de Jerez de la Frontera, à 30 minutes de route. Il a toutefois une vocation plutôt nationale puisqu’il n’est desservi que par de rares destinations internationales (Bruxelles, Francfort ou Luxembourg). L’aéroport de Séville (1h20, 130km) est l’option la plus pratique, mais celui de Malaga (2h15, 225km) est également envisageable.

Vous pourrez aisément louer une voiture à votre arrivée à l’aéroport de votre choix (via Hertz, Europcar ou Sixt). Les transports en commun ne sont ni la solution la plus rapide ni la plus économique, mais c’est une solution qui existe. Depuis l’aéroport de Séville, il vous faudra prendre un bus jusqu’à la gare (30 minutes de trajet) puis un train en direction de San Bernardo avec arrêt à Cadix (1h45 minutes de trajet auquel s’ajoute l’attente en gare). Un train relie Cadix à Jerez de la Frontera en 35 minutes. Il est possible de rejoindre Vejer de la Frontera en bus direct depuis Jerez de la Frontera ou en faisant un changement à Barbate. Enfin, un bus relie Vejer à Zahara de los Atunes en 30 minutes.